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Guerre des images FI / Quotidien et Procès Mélenchon : Décryptage de CorioLink pour « Le Dézoom » d’Aurélie Casse (BFM TV)

Jacky Isabello (CorioLink) décrypte pour Le Dézoom sur BFM TV la guerre des images Mélenchon / Quotidien et la communication politique de la France Insoumise

Pourquoi l’enregistrement de la perquisition au sein du siège de La France Insoumise en octobre dernier a-t-il récemment été intégralement diffusé dans l’émission Quotidien (TMC), à l’approche du « procès Mélenchon » ? Le 11 septembre dernier, Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence de communication Coriolink, était invité sur le plateau de l’émission « Le dézoom » présentée par Aurélie Casse sur BFM TV. Aux côtés de Anne Saurat-Dubois, journaliste politique à BFM TV, et Laurence Peuron, journaliste politique à France Inter, le professionnel de la communication politique a décrypté la guerre des images entre Jean-Luc Mélenchon et l’émission Quotidien, le premier accusant le second d’avoir diffusé pendant un an un montage qui ne traduisait pas l’intégralité des faits et ainsi de faire le « jeu de la police politique ». D’où les 40 minutes de l’enregistrement diffusées en réponse par l’émission.

 

Questionné sur l’impact pour la France insoumise, notamment à l’approche du « procès Mélenchon » de cette récente diffusion intégrale des images de la perquisition par l’émission Quotidien, Jacky Isabello analyse :

« Cette séquence est terrible pour Jean-Luc Mélenchon car elle a lieu au mois d’octobre 2018, c’est-à-dire à une époque où le président de la République Emmanuel Macron sort très éreinté de l’affaire Benalla et apprend que Nicolas Hulot, Gérard Colomb et Laura Flessel quittent le gouvernement. Le chef de l’Etat est alors quasiment mis à terre. Dans le même temps, le Rassemblement National n’arrive pas à s’imposer dans son combat pour le leadership de l’opposition et Jean-Luc Mélenchon se voit comme l’opposant incontestable, celui qui pourrait incarner un véritable leader et fédérer l’opposition autour de lui et de son parti La France Insoumise. C’est pourquoi, voir cette personnalité politique perdre ses nerfs, avec un verbal et un paraverbal transpirant la violence, a donné l’image aux Français que Jean-Luc Mélenchon n’était absolument pas le leader qu’ils croyaient. »

 

Sur l’argument du mouvement de gauche radicale consistant à souligner que l’extrait de l’enregistrement a été régulièrement diffusé pendant un an, dégradant l’image de ce mouvement de la gauche radicale et de son leader, il explique :

« Il est vrai que cette séquence est passée en boucle dans les médias mais comme vous le savez, dès que l’on parle trop vite, dès que l’on fait de trop grands gestes, que l’on est en colère, la séquence prend des proportions considérables à la télévision. C’est pourquoi, mécaniquement, dans les enquêtes d’opinion, Jean-Luc Mélenchon a chuté et il ne s’en est depuis guère relevé. En l’espèce, la stratégie de la France Insoumise est d’appliquer des techniques américaines puisque le mouvement dénonce le « lawfare », c’est-à-dire l’utilisation du système judiciaire en vue de combattre un ou des ennemi(s) et ainsi museler ses opposants. Ceux qui ont rédigé la tribune dans le JDD disent qu’un des aspects du lawfare se mesure par la falsification des élections de la part de l’autorité judiciaire. Il s’agit là d’un vieux gimmick de Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas accepté ce qu’il s’est passé en 2017 et cela lui a souvent été reproché. Dans cette perspective de lawfare, les protagonistes ne peuvent être que des victimes ou a contrario des scélérats… Et il est inenvisageable pour ces cadres de l’extrême gauche qu’une deuxième séquence montre le mouvement et son leader comme étant un scélérat. »

 

En ce qui concerne la rhétorique de la France Insoumise qui explique auprès des médias que l’attitude sur la forme était une réaction à une injustice sur le fond, la réponse de l’expert en communication est sans appel :

« Si le leader de la France Insoumise se rend sur un plateau télévisé ce soir, le rôle du journaliste sera de lui montrer non pas des assertions mais des preuves et ainsi lui dire que l’on ne se met pas face à un policier comme ça. Les gilets jaunes qui se sont mobilisés pendant plusieurs dizaines de manifestations ont fini au trou ou bien avec du gaz lacrymogène sur la figure et voir même, pour certains, des choses encore plus graves. Dans les images, Jean-Luc Mélenchon a montré une violence vis-à-vis non seulement de la police mais également de l’autorité judiciaire puisque si le processus d’enquête préliminaire est certes commandé par le procureur, il est validé par le juge des libertés et de la détention (JLD). »

 

Les nouvelles images n’effacent pas pour autant les anciennes. Jacky Isabello termine son intervention par une analyse de la stratégie de communication politique de la France Insoumise, qui s’est réjouie de la diffusion de l’enregistrement intégral en vue de préparer le procès à venir :

« C’est un cas typique démontrant la mission de ce fameux « spin doctor ». L’expression date de l’époque reaganienne aux USA. Cette expression désigne la manière dont les « pro » de la communication savent faire évoluer la perception d’un fait (to spin = tourner en anglais) en ajoutant des éléments et ainsi créer une nouvelle histoire différente de l’originelle. Et notamment lorsque le ton de l’histoire ne satisfait pas l’émetteur ; en l’occurrence M. Mélenchon dans le cas présent. En dénonçant la dimension politique qui se cacherait derrière la convocation judiciaire de M. Mélenchon et de ses acolytes, La France Insoumise et ses porte-paroles souhaitent modifier la narration accablante qu’en font les médias en diffusant en boucle les images de l’altercation. Ils espèrent ainsi déplacer la perception des Français, la perception des électeurs. Jean-Luc Mélenchon a été attaqué des dizaines de fois pour ses relations disconvenables avec les médias. Il a prôné la violence verbale à l’égard des journalistes, qu’il a d’ailleurs théorisé. Mais tout ceci n’était qu’une posture théâtrale aux yeux de bien des Français jusqu’à ce que tout à coup, en octobre dernier, on a posé des images. Des images sur cette violence-là. A partir de ce moment précis, il s’est déclenché un processus cognitif où se sont mis bout à bout les souvenirs de Jean-Luc Mélenchon qui rabroue et est virulent, avec celles de ce leader politique qui moleste un policier et porte atteinte à l’autorité judiciaire. C’est à partir de là que l’opinion publique s’est dit qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une posture mais de la véritable nature du leader de la gauche radicale. C’est pourquoi la France Insoumise essaye aujourd’hui d’aller sur un autre terrain, celui du « procès Mélenchon » supposément politique, en espérant que les médias ne diffuseront pas trop les images accablantes d’octobre dernier mais que vous vous focaliserez sur l’aspect politique. Or, comme le dit l’adage, une image vaut mille mots. »

 

Retrouvez l’intégralité de l’intervention sur la guerre des images FI / Quotidien et le « procès Mélenchon » en cliquant ici.

En complément, retrouvez l’intégralité du passage de Jacky Isabello dans l’émission « BFM Story » du 19 septembre en cliquant là.