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Mouvement social et réforme des retraites

Depuis plusieurs mois, le projet de réforme des retraites suscite de vives réactions de la part des classes politiques et des syndicats. Ce projet de loi qui remet en cause la question de la légitimité des régimes spéciaux, ne cesse de diviser. Il a notamment poussé les syndicats des réseaux de transports, à appeler à une grève générale illimitée à partir du 5 décembre. Dans le cadre de ce mouvement social, Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence de communication CorioLink, est intervenu sur BFMTV dans les émissions « BFM Story » animée par Olivier Truchot et « Le Dézoom » avec Aurélie Casse pour un décryptage de la communication des différents acteurs du mouvement.

Le gouvernement indécis 

Le mouvement social que connait le pays, résulte d’un climat d’incompréhension de la population. En cause : un gouvernement indécis et certaines déclarations contradictoires de la part du gouvernement. La déclaration du premier ministre Edouard Philipe est très attendue et stratégique pour la suite de la réforme.

 

Jacky Isabello le confirme : « Faut-il parler avant la manifestation ? Pas certain. Rappelons-nous qu’avant le début du mouvement des gilets jaunes, Edouard Philippe avait consenti à revenir sur certaines annonces du gouvernement. Mais cela n’avait rien changé à la détermination d’un mouvement social dont on sait ce qu’il est advenu ensuite. Aujourd’hui, l’exécutif sait que la protestation aura lieu quoi qu’il en soit. Il préfère donc attendre et voir ce qu’il en est sur le terrain. ».

L’opinion publique peu rassurée

La maladresse de la communication du gouvernement, a favorisé le développement de l’angoisse au sein de l’opinion publique, amplifiée par l’intérêt des médias. C’est une communication que l’on peut taxer d’incomplète et d’abstraite car l’absence d’unité au sein du gouvernement a fait naître une exigence de clarification de la part des Français.

 

« Les Français sont, dans l’idée, favorable à la réforme. Toutefois, ils n’y adhérent pas encore compte tenu des dissonances gouvernementales évoquées. De surcroît, le sujet est très technique. Par exemple, peu de gens savent que le principe du régime par points existait déjà. Les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO fonctionnent ainsi. De plus, la colère toujours vivace des gilets jaunes a complexifié la tâche du gouvernement et l’a poussé à reporter la réforme. », décrypte Jacky Isabello.

Les syndicats en désaccord

Au cœur des débats, les positions disparates de deux syndicats : la CGT et la CFDT. La CFDT reste claire, elle est favorable à une réforme systémique donc à un régime universel, cependant, elle impose un préavis au gouvernement. De l’autre côté, la CGT et la FO ne veulent pas d’un système par points. Face à cette situation, le gouvernement ne peut perdre le soutien de la CFDT, unique syndicat ouvert à la discussion. Mais la centrale de Montreuil ne peut voir son image ternie en soutenant une réforme bancale avec le risque d’être taxée de « syndicat supplétif de l’exécutif ».

 

Selon Jacky Isabello : « La position de la CFDT reste très ambivalente pour des raisons historiques. Ses dirigeants avaient soutenu en 2003 une réforme des retraites voulue par le gouvernement. La CFDT s’était installée en tant que partenaire privilégié du gouvernement de Jacques Chirac. À cette époque, la base refusait cet accord et de nombreux militants avaient quitté la centrale syndicale. ».

Communication d’image et enjeu politique pour la SNCF

Au milieu de ces affrontements, la SNCF essaie de tirer son épingle du jeu. L’enjeu de la communication de la SNCF est surtout de maitriser l’image de l’entreprise qui vient tout juste d’accueillir un nouveau Président.

 

« Les dirigeants restent factuels. Discrets, ils affirment prendre en compte la grève et s’affairent à trouver avant tout des solutions pour faciliter un mauvais moment à passer pour les usagers. La communication de la SNCF est fine. Ils comprennent l’importance de communiquer sur les précautions à mettre en place. L’enjeu politique pour le nouveau président de la SNCF est de pouvoir gérer cette crise sur le plan opérationnel mais également en préservant l’image de l’entreprise. », selon Jacky Isabello.

 

Retrouvez l’extrait du débat sur BFM Story

Retrouvez l’extrait du débat sur Le Dézoom