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La communication politique de Marlène Schiappa

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La semaine dernière, le Premier ministre Edouard Philippe ouvrait le Grenelle des violences conjugales. A ses côtés : Marlène Schiappa qui, en quelques mois, a su se rendre incontournable au sein du gouvernement tant pour ses prises de positions tranchées que pour son style personnel et son omniprésence médiatique. Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence de communication CorioLink, était invité sur le plateau de l’émission « 7 jours BFM » présentée par Ronald Guintrange sur BFM TV afin de décrypter la communication politique de la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

L’expert en communication politique définit le « style » Marlène Schiappa comme suit :

« Le style Marlène Schiappa c’est : une femme politique qui a le budget du gouvernement le plus faible mais qui, professionnelle de la communication, se sert de tous les codes de cette discipline pour gagner en visibilité et servir ainsi la mission confiée par le gouvernement. Elle maitrise les codes de la communication puisqu’elle gère les relations presse de manière très intelligente. Ce serait le cas également si elle devait être ministre dans un futur proche. Dans le cas d’espèce, le personnage qu’elle a mis en scène est clivant parce-que le message féministe, défendu depuis des dizaines d’années par des associations et femmes très engagées, est dévié voire dévoyé. Cette asymétrie qu’elle a créée se répercute sur le personnage qui, de ce fait, agace ou parfois fascine. Il reste qu’elle réalise un travail assez formidable du point de vue de la communication car elle a un ton, une posture, et on peut mesurer l’efficacité de sa démarche : en bien ou en mal, les gens discutent des mesures portées par Marlène Schiappa le soir, en famille, autour de la table. »

A la question de savoir si la secrétaire d’Etat est opportuniste, c’est-à-dire profitant d’un contexte favorable pour sa stratégie de communication politique, ou si elle est véritablement comme cela, il répond :

« Elle a bien sûr une stratégie, en plus d’avoir de l’a propos et de la répartie. La combinaison de ces éléments en fait une bête de communication. Mais sur le fond, c’est aussi une personne qui bosse ses dossiers. Elle est assez perfectionniste et accroc au contrôle des messages qui sortent. Quoi qu’il en soit, elle maitrise l’ensemble des codes de la communication qui doivent nécessairement être parfaitement maitrisés par des gens qui sont des personnages publics et qui sont confrontés avec des publics qui sont différents et qu’ils ne connaissent pas. Parallèlement, elle décide d’agacer volontairement ; gardons en tête que Marlène Schiappa sera peut-être demain, Garde des Sceaux ou à la tête d’un autre ministère régalien et il faudra également qu’elle imprime et choisisse une stratégie adaptée pour porter un gouvernement – ce qu’elle fait déjà pas mal. »

Marlène Schiappa a-t-elle un potentiel de frondeuse – qui serait sa limite ? Pas pour Jacky Isabello, qui explique :

« La limite de Marlène Schiappa est de toujours penser à une manière de s’insérer dans de grands sujets. Quand elle est allée sur le plateau de Cyril Hanouna, c’était parce-que le vaisseau amiral Hanouna porte une audience et qu’y insérer de grands sujets bénéficiera à Marlène Schiappa. Lorsqu’elle porte une position qui ne relève pas de son ministère, c’est pour s’insérer dans de grands sujets, de grands enjeux, pas dans l’optique d’être frondeuse. Elle s’arrête et s’arrêtera dès l’apparition d’un risque de blesser le destin Premier ministre ou le projet du président de la République. »

Enfin, il analyse les perspectives d’avenir de Marlène Schiappa en ces termes :

« C’est une femme qui, si elle continue de travailler ses dossiers, va progresser avec le temps et l’âge. L’on évoque souvent en politique l’importance d’« imprimer ». C’est son cas et elle continuera de développer cela. Les prochaines étapes sont d’acquérir toujours plus de sagesse, de travailler davantage encore le fond. Elle s’apaisera et les gens diront « elle a pris du plomb dans la tête, on peut lui faire confiance et lui confier sans doute d’autres missions ». »

 

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